« Trop de personnes n’ont pas accès à une source sûre d’eau potable, à des toilettes et à des installations sûres pour se laver les mains, ce qui les expose à des infections mortelles, et ce qui nuit aux progrès en matière de santé publique », a expliqué le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, devant les acteurs internationaux du secteur de l’eau réunis pour leur conférence annuelle.
Selon le chef de l’OMS, les systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement permettent non seulement de sauver des vies et d’améliorer la santé en général, mais ils sont également un élément essentiel pour bâtir des sociétés plus stables, plus sûres et plus prospères.
« Nous appelons tous les pays dans cette situation à affecter les fonds et les ressources humaines nécessaires à la construction et à l’entretien de ces infrastructures », a lancé le Dr Tedros.
Une écrasante majorité de pays manque de ressources pour l’eau et l’assainissement
Selon un nouveau rapport publié mercredi par l’OMS pour le compte d’ONU-Eau, la mauvaise qualité des systèmes publics, ainsi que le manque de ressources humaines et de financements menacent la distribution d’eau et les services d’assainissement des pays les plus pauvres et entravent ainsi les efforts en vue de garantir la santé pour tous.
Le rapport GLAAS 2019 – une initiative pour l’analyse et l’évaluation mondiales de l’ONU-Eau sur l’assainissement et l’eau potable – porte sur 115 pays et territoires où vivent en tout 4,5 milliards de personnes.
Il montre que, dans une écrasante majorité de pays, la mise en œuvre de plans et de politiques en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène est entravée par le manque de ressources humaines et de financements.
Dix-neuf pays et un territoire ont signalé un déficit de financement de plus de 60% entre les besoins mis en évidence et les fonds disponibles. Moins de 15% des pays ont les ressources humaines ou financières nécessaires pour déployer les plans adoptés.
« Afin de parvenir à une société plus équitable, plus stable et en meilleure santé, le renforcement des systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement pour offrir à ceux qui n’y ont pas accès les services d’hygiène correspondants doit faire partie de nos priorités », a jugé Gilbert F. Houngbo, Président d’ONU-Eau et du Fonds international de développement agricole (FIDA). « Nous devons d’une part disposer des fonds nécessaires pour relever ces défis fondamentaux, mais aussi continuer à renforcer les systèmes nationaux actuels ».
Les pouvoirs publics s’activent
Bien que de nombreux pays soient confrontés à des déficits de financement et aux lacunes de leurs systèmes, le rapport montre également que les pouvoirs publics commencent à prendre des mesures en vue d’atteindre l’objectif 6 de développement durable relatif à l’eau et à l’assainissement.
« Les objectifs de développement durable nous ont poussé à agir concrètement à l’échelle nationale pour développer l’accès à des systèmes d’assainissement », a expliqué David Molefha, qui exerce la fonction d’ingénieur hydraulicien en chef auprès du Ministère de la terre, de l’eau et de l’assainissement du Botswana.
« Nous avons établi une feuille de route en ce qui concerne l’assainissement et nous travaillons à éliminer la défécation en plein air. Ainsi, nous faisons en sorte d’améliorer la vie des gens », a expliqué l’ingénieur.
La moitié des pays étudiés ont adopté des cibles pour parvenir à un approvisionnement en eau potable à des niveaux supérieurs aux services de base d’ici à 2030, par exemple en renforçant la qualité de l’eau et l’accès à l’eau sur place. De plus, les mesures prises pour réduire la défécation en plein air amélioreront considérablement la santé publique et environnementale.
L’eau insalubre peut être aussi mortelle que les balles
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui est l’agence onusienne responsable du secteur eau, assainissement et hygiène sur le terrain, a pour sa part souligné que l’eau insalubre dans le contexte des conflits armés peut être « tout aussi mortelle que les balles ».
En moyenne, les enfants de moins de 15 ans dans les situations de conflit courent trois fois plus de risques de mourir de maladies liées à l’eau insalubre et à l’assainissement que de la violence directe. L’eau qui est insalubre et le manque d’assainissement peuvent être les voie de transmission de certains pathogènes aux enfants.
« Les enfants qui sont plus jeunes, avec leur système en développement, sont plus sensibles à ces différents pathogènes, qui peuvent donc causer des diarrhées, et les rendre plus vulnérables à d’autres maladies, à la malnutrition ou même aller jusqu’à les amener à mourir », a expliqué Directrice adjointe de l’eau, l’assainissement et l’hygiène à l’UNICEF, Kelly Ann Naylor, lors d’un entretien à ONU Info.
Le manque de traitement des eaux d’égoût peut aussi créer des eaux stagnantes qui peuvent favoriser les moustiques, ce qui entraine plus de cas de paludisme.
« Comme dans les zones de conflit les services de santé sont souvent affectés, moins présents et moins efficaces pour le traitement des enfants, ceux-ci peuvent mourir de maladies évitables et traitables dans d’autres circonstances », a souligné Mme Naylor.
L’UNICEF appelle notamment les parties aux conflits à protéger les installations d’eau et les personnes qui sont chargées de les maintenir.
SOURCE Centre d’actualités de l’ONU